L'histoire de Montboulan
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Une demeure d'artistes !
Noyée dans la verdure solognote, cette demeure est le refuge de Léon Belly où il y trouve tranquillité et inspiration. Véritable incursion dans l’intimité et l’univers de ce peintre orientaliste.
L'Histoire de Montboulan
AUTRICE-VOYAGEUSE, VOILÀ CE QUE JE VOULAIS ÊTRE !
Aujourd’hui, l’hiver, j’écris et voyage / L’été, j’ouvre mes chambres et tables d’hôtes, à Montboulan, en Sologne.
Ecrire, c’était toute ma vie. J’ai été serveuse, le jour ou la nuit, à Londres, Munich, Marseille ou Lamotte-Beuvron. A l’approche de mes 30 ans, inspirée par les récits de Jack Kerouac, je pars pour « un tour d’Europe à pied ». Au départ de Bastia, en Corse, je traverse les Balkans, et rejoins la Moldavie. Seule, mon sac de vingt kilos et ma tente sur le dos, je marche pendant 106 jours jusqu’à la frontière ukrainienne. Naît mon projet de retour : je vais créer des chambres d’hôtes dans la maison de ma grand-mère !
L'Histoire de Montboulan
MOI QUI VOULAIS VIVRE EN POLOGNE, JE M'INSTALLE... EN SOLOGNE !
Une lettre de différence mais à des années-lumière de l’expatriation à laquelle je me destinais, loin de ma famille, et de la petite fille en moi – originale et différente, qui cherche sa place. De retour dans le berceau familial, je travaille pour des chambres d’hôtes, des restaurants, des centres de vacances, ou des lieux de restauration collective, et gagne ainsi ma vie, tout en diversifiant mes expériences.
Plusieurs années s’écoulent avant que je puisse considérer que mes chambres d’hôtes à Montboulan soient lancées. Les clients me recommandent auprès de leurs proches, un lien de confiance et d’amitié se tisse au fil des saisons. Je prends plaisir à choyer mes visiteurs et leur faire partager cet endroit que j’adore. Le Guide des Chambres d’hôtes de Charme et Le Guide Vert Michelin récompensent mes efforts : ils référencent Montboulan parmi leurs belles adresses !
Mon havre de paix!
Cette demeure s’est transmise de génération en génération depuis 1870. C’est un choix de ma part de garder cet esprit familial, depuis mon aïeul artiste-peintre, Léon Belly.
Il a dessiné les lieux et les a savourés.
Et pour vous emmener sur ses sentiers, je vous invite à lire la correspondance qu’il entretenait avec sa mère, à l’époque.
Bon voyage – il y a 150 ans !
Léon Belly (1827-1877)
Lettres à ma mère
C’est décidément sous le rapport de l’agrément tout ce qu’on peut désirer. On ne peut rien rêver de plus charmant que toute la partie qui borde la Sauldre. Imagine-toi une succession de prés et de bruyères, parsemés de très beaux bouquets de vieux chênes venus çà et là comme l’a voulu la nature, et traversés de temps à autre par de jolis ruisseaux qui descendent capricieusement la pente quelquefois assez rapide qui borde la rivière ; quoique en hiver et après les pluies, ces eaux sont très limpides, et forment de charmantes cascades. Il y a là la plus charmante promenade, presque toujours sous de beaux ombrages, et l’on peut ainsi se rendre de Salbris à l’habitation.
Je crois qu’il sera bien difficile de trouver une propriété aussi agréable, aussi bien située sous le rapport des communications et de la distance.
Je crois que j’aurai bien de la peine à me décider à ôter des arbres ; aujourd’hui j’avais à faire couper trois ou quatre mauvais petits chênes pour réparer le pont de Courcelet, et j’ai eu toutes les peines à me décider. Pour ceux qui sont sains et beaux, cela me paraît impossible, pour les laids et mal faits, je les trouve pittoresques et cela m’est presqu’aussi pénible. Quant aux sapins je n’ai aucune pitié.
Novembre
Voici le froid qui reprend mais d’une manière très supportable, la campagne me paraît tous les jours plus belle ; la lande du Briou est admirable en ce moment, avec ses futaies éparses ; ce ton de rouille des feuillages et bruyères tracé sur les teintes grises et moussues des troncs d’arbres, ce ciel gris plombé avec quelques traces d’or à l’horizon, tout cela a un caractère âpre et sévère qui attache ; le soir, la rivière scintille à l’ombre des vieux chênes, reflétant les lueurs du couchant ; combien de belles études à faire lorsque j’aurai du loisir. Mais maintenant, ayant à veiller à tant de choses dont je ne savais pas le premier mot, je n’ai pas la liberté de penser à peindre ; aussitôt que je serai au courant, cela me deviendra possible.
Montboulan est idéal en ce moment ; la rivière est débordée et le côté du potager et des gués est féerique. Je voudrais travailler mais tout me paraît si joli que je ne sais encore où m’arrêter ; je me contente d’y évoquer les divinités des bois et des eaux, des millions d’oiseaux chantent, les fleurs éclosent sous nos pas : c’est enchanteur. Si tu voyais les courses folles des jeunes agneaux tu serais éblouie, on n’a pas d’idée de cela.
J’ai vu Corot qui, à ma grande surprise, m’a dit que tu lui avais écrit et m’a montré ta lettre. Il te répondra mais ne peut venir maintenant, tu devais bien le penser du reste. Il y a dix ou douze ans, dit-il, j’avais toutes les peines du monde à vendre un tableau, et maintenant, je ne puis suffire aux demandes, et ce sont des prix ! Ses meilleurs tableaux d’autrefois lui restent, on préfère surtout ceux qui ont ses défauts, sans ses qualités. Le prince Napoléon a vendu ses tableaux à Durand-Ruel, il a mes buffles qu’il vient d’envoyer à l’exposition de Bordeaux.
J’ai vu Buchère qui a été d’une amabilité à laquelle il ne m’a pas accoutumé. Il m’a dit que Corot lui avait dit le plus grand bien de mon grand tableau et a daigné me dire quelques mots agréables de son propre mouvement. Je crois qu’allant à la campagne dans les environs de Salbris, il a le désir de venir nous voir à Montboulan.
Je regrette que tu ne vois pas Montboulan dans ce moment, les prés émaillés de fleurs ; c’est d’une fraîcheur dont tu ne te fais pas idée, et jamais on ne se croirait en Sologne, dans cette Sologne si déshéritée !
Je me suis décidé à me baigner dans la Sauldre et j’y ai pris deux bains délicieux ; il y a en face de la maison une place parfaite ; de l’eau jusqu’aux épaules, un sable fin et comme le courant porte sur des bans de sables très peu profonds, aucun danger de se noyer pour ceux qui ne savent pas nager ; l’eau y est d’une transparence et d’un courant délicieux ; elle m’a paru extrêmement douce à la peau, et parfumée sans doute à cause des fleurs et plantes aromatiques des rives.
Je ne t’ai pas dit qu’il ne faisait pas chaud ici ; pour ma part, je ne m’en plains pas trop et comme Laure n’en est pas incommodée et que les enfants ne paraissent pas en souffrir, je ne trouve pas que la chaleur soit insupportable ; aujourd’hui, du reste elle est tempérée par une brise du nord-est, qui vous rafraîchit par bouffées. J’ai trouvé une combinaison très agréable pour prendre mes bains ; j’y vais au saut du lit, sans autre vêtement que ma chemise, et je reviens m’habiller à la maison ; le matin, l’eau est délicieuse ainsi, et la toilette est vite et bien faite.
J’ai été à la pêche cet après-midi, et j’ai pris un assez beau brochet, de près de 4 livres. Les teintes d’automne commencent à colorer les arbres. La campagne est bien belle ainsi ; il y a des ciels admirables ; il faut pourtant que je me mette à travailler.
Les arbres sont très beaux, les sapins eux-mêmes font bien. L’année prochaine dans ces terres, dont l’abandon te désolait cet été, tu verras des topinambours, choux, vaches, betteraves, etc… ce sera beaucoup moins poétique, et tu regretteras probablement les bruyères et les ajoncs. Tu me demandes de te tranquilliser sur la manière dont nous prenons nos ennuis, mais je t’assure que nous ne nous ennuyons nullement, et que nous n’en trouvons aucun objet. Je regrette d’être obligé de revenir à Paris le mois prochain pour ma peinture ; j’aurais ici bien des travaux utiles et intéressants à faire exécuter qu’il faudra remettre à l’an prochain, mais j’en ai déjà fait pas mal. Tu as bien raison de dire que c’est bien là la distraction qui me convenait en dehors de ma peinture.
Biographie
LÉON BELLY
Peintre orientaliste français.
Il tombe sous le charme de la Sologne et en fait son refuge.
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1827
Je suis né à Saint-Omer (Pas-de-Calais), d’un père, capitaine d’artillerie – il meurt lorsque j’ai un an, et d’une mère portraitiste, miniaturiste.
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1836-41
Dans les lettres que j’adresse à mon entourage, mes dessins révèlent déjà mon attrait pour l’Orient, et la nature.
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1845
Je prends une carte de copiste au Louvre, j’ai quinze ans.
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1846-47
Titulaire du bac, je prépare l’entrée à Polytechnique. Lorsque je suis reçu, ma mère m’offre une palette de peinture et accepte, par ce geste, que je me consacre à mon art.
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1849
Je séjourne à Barbizon, où je suis conseillé par Théodore Rousseau et Constant Troyon.
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1850-53
Je pars pour mon Premier voyage en Orient. J’accompagne une mission scientifique, chargée d’étudier la géographie historique du bassin de la Mer Morte. Je visite alors Beyrouth, l’Italie du Nord et la Grèce. De retour en France, je me rends souvent à Barbizon. J’organise, à Paris, des soirées musicales, auxquelles des écrivains participent, dont Théophile Gautier.
En mai, je participe à mon 1er Salon (manifestation artistique de peinture et sculpture).
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1855
A l’Exposition universelle, mes tableaux reçoivent un accueil élogieux, surtout la Haute-Futaie. En octobre, je pars en voyage d’un an en Egypte, au Vieux-Caire.
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1856
Je visite le Sinaï, la Basse Egypte, et remonte le Nil. Je suis précurseur dans ce genre d’expéditions, avec d’autres artistes, notamment le sculpteur Auguste Bartholdi (auteur de la Statue de la Liberté).
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1857-61
A Marseille, je m’embarque de nouveau pour l’Egypte. J’habite au 71 quai d’Orsay, où mes amis, Rousseau, Corot et Puvis de Chavanne, se réunissent les jeudis soirs.
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1862
Je me marie, à Strasbourg, avec Laure Klose. Je reçois la Légion d’honneur.
L’Etat achète mon tableau Pèlerins allant à la Mecque (aujourd’hui exposée au Musée d’Orsay, à Paris), qui assied ma notoriété. -
1863
A Beuzeval-Houlgate, je peins des paysages normands.
Pierre, mon premier enfant, naît.
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1866
Naissance de mon deuxième fils, Edouard. Je passe l’été en Sologne, où Pierre Puvis de Chavannes nous rend visite. A l’hiver, je visite la propriété de Montboulan, à Salbris.
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1867
Je voyage à Saint-Omer dans l’optique de vendre les terres familiales du Nord. A l’exposition Universelle, je présente six œuvres et je reçois la médaille de 3e classe. Le 30 juillet, j’achète Montboulan, en Sologne.
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1870
Après l’avoir longtemps dessinée, la maison est entièrement construite.
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1871
La guerre, et la mort de tous ces jeunes soldats, l’annexion de l’Alsace et la Lorraine m’affectent profondément.
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1872
Marguerite, ma fille, naît. Je suis gravement malade, atteint de paralysie des membres, ma convalescence durera plus de deux ans.
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1874-75
Je peux reprendre mes pinceaux et j’exécute des études pour le Gué de Montboulan (Musée d’Orsay), mon dernier grand tableau.
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1876
Ma mère, dont je suis très proche, meurt. Je cherche réconfort dans les récits de La Bible.
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1877
Je dessine des scènes de La Passion du Christ. Une infection foudroyante m’emporte, j’ai quarante-neuf ans.
Je suis enterré à Salbris.
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1878
L’Exposition universelle exposera sept de mes toiles.